L’archéologie : c’est quoi ?

Du grec arkhaiologia ; arkhaios (commencement, ancien) et logos (science) : l’archéologie est la science des origines, de l’ancien, du passé.

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Résumé

L’archéologie est une science qui étudie les civilisations et les cultures du passé en utilisant des méthodes scientifiques pour collecter, interpréter et préserver les vestiges matériels et immatériels laissés par les sociétés passées. Cela inclut l’analyse de sites archéologiques, l’examen de artefacts et d’objets culturels, l’étude des documents historiques écrits et l’analyse des restes humains. L’archéologie vise à comprendre comment les sociétés du passé ont vécu, comment elles ont évolué au fil du temps et comment elles ont influencé les cultures actuelles.

Les origines de l’archéologie débutent dans l’Antiquité.

L’archéologie prend ses racines dès l’antiquité, en chine, en «Égypte et chez les anciens grecs (Thucydide) et romains. A partir du Moyen-âge (Cyriaque d’Ancône) et surtout à l’époque moderne, les premiers cabinets de curiosités apparaissent.  C’est au XIXe siècle que la discipline commence à se structurer. C’est grâce à l’apport de la stratigraphie, de la typologie et de l’étude de la technologie. Une des premières grandes fouilles archéologiques est celle d’Herculanum en 1734 puis de Pompéi (1748). Le premier cours d’« archéologie nationale » est proposé en 1882 à l’École du Louvre. Les grands musées nationaux apparaissent partout en Europe. En France, en 1830, l’historien et homme politique François Guizot crée l’Inspection des monuments historiques, qui devient Commission des monuments historiques en 1834, sous la direction notamment de Prosper Mérimée. Avec le progrès des sciences et des techniques au XXe siècle, l’archéologie emprunte une partie de sa démarche aux sciences de la nature. C’est aussi au XXe siècle qu’elle se structure du point de vue administratif et législatif (lois de 1913 et de 1941-42, la création du ministère de la culture en 1959, puis les lois de 2001, 2003 et 2016).

L’archéologie est une “enquête policière”.

Comme l’enquêteur, l’archéologue se sert des traces (les indices) pour faire parler le passé et tenter de reconstituer ce qui s’est passé.

L’archéologue est un enquêteur du passé.  Au lieu de chercher un voleur (qui ?), ce qu’il a volé (quoi ?) et la façon dont il l’a fait (comment ?), l’archéologue essaie de retrouver qui était l’homme du passé, comment il vivait et ce qu’il utilisait et fabriquait (quoi ?). 

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L’archéologie est donc une sorte de machine à remonter le temps. C’est une discipline d’investigation rétrospective qui vise à reconstituer le passé à l’aide des traces matérielles laissées par nos ancêtres (architecture, sculpture, peintures, poteries, vêtements, armes, etc.) : les vestiges.  

Plus les époques étudiées sont éloignées du présent, moins les vestiges sont nombreux. Par conséquent, la reconstitution de l’histoire du passé est plus compliquée. Un peu comme si nous devions reconstituer l’image d’un puzzle avec de moins en moins de morceaux de puzzle ! L’archéologie n’est donc pas une science exacte et l’archéologue doit rester modeste. Elle corrige régulièrement le récit du passé qu’elle propose au regard des nouvelles découvertes (les nouveaux morceaux de puzzle qu’elle trouve). Comme toute discipline scientifique, l’archéologie n’est pas un dogme. Contrairement à une religion ce n’est pas quelque chose que l’on doit croire comme une vérité absolue. Elle ne peut donc pas affirmer que ce qu’elle dit est absolument vrai. L’archéologie n’appartient pas à la croyance mais à la science, ce qui n’empêche pas, en tant qu’individu, d’être scientifique et croyant. 

L'archéologie est une comme 
une enquête policière.
L’archéologie est une comme
une enquête policière.

L’archéologie est -elle une science exacte ?

L’archéologie est à la fois une science exacte et une science humaine et sociale.

C’est une discipline qui se situe au croisement des sciences de la nature et des sciences humaines :

  • des sciences dites exactes (mathématiques, sciences physique et sciences naturelles) lorsqu’elle utilise des méthodes et des outils comme la thermoluminescencedendrochronologie, la stratigraphie, la biologie …
  • et des sciences humaines et sociales lorsqu’elle essaie d’interpréter les actions des Hommes du passé.

Comme l’histoire (la discipline), l’archéologie fonde sa scientificité sur une démarche scientifique en 6 étapes :

  • déterminer des objectifs (1),
  • procéder à une collecte de données (2),
  • effectuer une description (3),
  • traiter les données (classification, typologie, etc.) (4),
  • émettre des interprétations (5),
  • opérer une validation (6).

La validation est empirique, c’est-à-dire qu’elle s’effectue dans le cadre des validations précédentes et logiques puisqu’elle est formalisée et écrite (Demoule et al., 2009). L’archéologie passe d’une situation où le sujet et l’objet sont distincts (les quatre premières étapes de la démarche) comme dans les sciences exactes à une situation où sujet et objet (l’humain) sont identiques (les deux dernières étapes) comme dans les sciences humaines et sociales.

A quoi s’intéresse l’archéologie ?

L’archéologie a pour objet l’étude des artefacts : les vestiges produits par l’Homme.

L’archéologie est donc « la science culturelle de tout le passé technique de l’Homme »(Ph. Bruneau et P.-Y. BALUT, 1997), de « toute la culture matérielle » (Boissinot, P. 2015), c’est-à-dire de tous les objets produits par l’Homme (artefacts), oubliés ou tombés en désuétude. Son objet concerne donc tous les artefacts qu’elle peut rencontrer, notamment dans les agrégats (mélange dartefacts) qu’elle doit démonter à travers la fouille.

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Elle s’intéresse aux artefacts (vestiges matériels) qu’elle situe dans le temps (périodes) et l’espace (territoires). Elle les étudie sur le plan : technique (ergologie) tout en s’attachant à révéler les rapports qu’entretiennent ces vestiges avec la pensée (logique/glossologie), la société (ethnique/sociologie) et le droit (éthique/axiologie)(Ph. Bruneau et P.-Y. BALUT, 1997), lorsque cela est possible. Une peinture préhistorique s’appréhende du point de vue de la pensée (le discours d’un usager qui reste inconnu à l’archéologue-observateur), de la société (ex: une tradition picturale régionale, des maîtres et des élèves) et du droit (puisqu’elle renvoie à des normes).

Un ancêtre de l’Homme moderne qui n’aurait pas fabriqué d’objets (artefacts) ne serait pas un objet d’étude archéologique. Par exemple, Sahelanthropus tchadensis, dit « Toumaï » daté d’environ 7 millions d’années avant le présent. Il n’a pas fabriqué d’objets, ce qui n’est pas le cas d’Homo erectus ( daté entre 2,5  et 1,5 millions d’années avant le présent).  Le premier est du ressort de la paléontologie et le second de l’archéologie.

Quel est le but de l’archéologie ?

L’archéologie complète et parfois  rectifie l’histoire.

L’archéologie s’intéresse à des territoires (l’espace) et à des époques (la chronologie). L’archéologie commence avec les premiers ancêtres de l’Homme jusqu’à aujourd’hui. Il existe donc une archéologie pour chaque époque et même une archéologie industrielle et contemporaine. 

Elle a pour objectif de comprendre les activités des hommes à toutes les périodes :

  • au niveau politique (qui a le pouvoir),
  • au niveau social (comment s’organise la société, les riches, les pauvres, le guerrier, le religieux, le paysan, etc.),
  • au niveau économique (le commerce, les échanges…),
  • au niveau des croyances et des coutumes (religions, mythologies, etc.),
  • au niveau des techniques (taille du silex, fabrication du feu, métallurgie, etc.),
  • au niveau de l’habitat (organisation spatiale),
  • au niveau scientifique (astronomie, architecture, etc.)
  • et au niveau de l’environnement (utilisation et modification des ressources naturelles, flore, faune).

L’archéologie permet de reconstituer l’histoire des sociétés humaines qui n’avaient pas d’écriture. Elle le fait grâce à la fouille et à des technologies sophistiquées. Par les indices qu’elle apporte, elle sert aussi à confirmer ou non les documents écrits retrouvés (manuscrits, hiéroglyphes sculptés, etc.). Elle permet aussi de compléter les informations manquantes comme pour la fouille du Louvre. L’historien a donc besoin de l’archéologue pour vérifier ses sources

L’archéologie est interdisciplinaire.

L’archéologie a besoin des disciplines scientifiques pour faire parler les vestiges.

Pour comprendre les informations qu’elle récolte lors de la fouille, l’archéologie fait appel à de nombreuses autres disciplines

  • xylologue,
  • archéozoologue,
  • tracéologue,
  • palynologue,
  • céramologue
  • géomorphologue,
  • anthropologue,
  • antracologue, etc.

Elle est interdisciplinaire car elle a besoin de nombreuses approches pour étudier les artefacts et les « faire parler ». Mais attention, toutes les appellations comme l’archéo-zoologie, -botanique, etc., ne sont que des métiers, des spécialités. La zoologie, la botanique, la palynologie, la xylologie ne sont pas de l’archéologie. Elles sont liées aux sciences naturelles et utilisées pour les besoins de l’archéologie de façon à préciser la nature des données étudiées. Il serait plus juste, lorsqu’elles s’appliquent aux temps anciens, de les nommer paléo-zoologie, paléo-botanique, etc. C’est justement parce que l’archéologie fait appels aux autres disciplines qu’elle est pluridisciplinaire. Dans le même ordre d’idée, l’archéologie aérienne n’en est pas une. Une discipline ne peut pas se définir par les moyens qu’elle utilise surtout si ces moyens ne sont pas l’apanage de la dite discipline. Il ne faut pas confondre discipline et pratique professionnelle.

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L’archéologie est utile aux Hommes du présent.

L’archéologie permet aux Hommes de mieux connaître leur passé pour les aider à comprendre leur présent et ainsi leur permettre de construire leur avenir. 

Elle permet aussi de rétablir la vérité lorsque les textes historiques ont été manipulés par les puissants d’une époque en transformant l’histoire à leur profit. Par exemple, savais-tu que la guerre est apparue très tardivement dans l’histoire de l’humanité  au Néolithique ? L’archéologie permet de comprendre que la guerre n’est pas une fatalité. C’est le mode de vie de l’humanité qui a changé et généré une violence collective à grande échelle.

L’archéologie est désormais en mesure d’apprécier les changements écologiques et les effets de ces changements sur les sociétés humaines préhistoriques ou historiques. Cela nous donne des informations utiles sur ce qui nous arrive dans le présent. 

Enfin, il est important de préciser que de toutes les périodes de l’histoire de l’humanité, la préhistoire est la seule qui soit documentée exclusivement par l’archéologie en raison de l’absence d’écriture.


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Pour approfondir le sujet :

  • de Carlos, Philippe (2006). Le dico de l’archéologie. La Martinière Jeunesse. Pour tous les âges.
  • Demoule, J., Giligny, F., Lehoërff, A. & Schnapp, A. (2010). Guide des méthodes de l’archéologie. La Découverte. Pour les collégiens, lycéens et les adultes.
  • Bruneau et P.-Y. Balut. (1997). Artistique et Archéologie, Mémoire d’Archéologie Générale 2, Paris. Pour les lycéens et les adultes.
  • Boissinot, Philippe (2015). Qu’est-ce qu’un fait archéologique ?, Paris, EHESS, coll. « En temps & lieux ». Pour les lycéens et les adultes.
  • Prost, Antoine (1996). Douze leçons sur l’histoire. Paris, Seuil, 1996. Coll. « Points ». Pour les lycéens et les adultes

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